Thaïs, Thargélie et Théodora
THAÏS, fameuse courtisane grecque, corrompit la jeunesse d'Athènes, elle suivit Alexandre dans ses conquêtes, et l'engagea à détruire la ville de Persépolis. Après la mort du conquérant macédonien, Thaïs se fit tellement aimer de Ptolémée, roi d'Égypte, que ce prince l'épousa. – Il y eut une autre courtisane de ce nom en Égypte, que saint Paphnuce, anachorète de la Thébaïde, arracha aux charmes séducteurs du monde, et qui fit de ses égarements une longue et sincère pénitence. On dit que, pendant plusieurs années, elle ne fit d'autre prière que celle-ci : Qui plasmastisme, miserere mei ! Vous qui m'avez créée, ayez pitié de moi !
THARGéLIE, fameuse Milésienne, contemporaine de Xerxès, à qui elle gagna beaucoup de partisans dans la Grèce lorsque ce prince voulut en faire la conquête. Courtisane et sophiste à la fois elle parcourut plusieurs pays où elle se fit des amants et des admirateurs, unissant une philosophie factice à un libertinage réel, de beaux mots à des actions odieuses ; elle termina ses courses en Thessalie, dont elle épousa le souverain.
Théodora, femme de l'empereur Justinien 1er, était fille d'un homme chargé du soin de nourrir les bêtes pour les spectacles. Sa mère immola sa vertu pour de l'argent, et la jeune Théodora s'abandonna bientôt à tout le monde. Un certain Hécébole de Tyr, gouverneur de la Pentapole, l'entretint pendant quelque temps mais il s'en dégoûta bientôt et la chassa de chez lui. Elle alla à Alexandrie, revint à Constantinople, n'ayant pour subsister que la prostitution. Justinien en devint passionnément amoureux. Il en fit sa maîtresse, engagea l'empereur Justin à abroger la loi qui défendait à un sénateur de se marier avec une femme débauchée, et l'épousa. Cette femme, attachée au parti des eutychiens, fut le fléau du genre humain, si l'on en croit Procope, qui en fait une peinture dans ses Anecdotes, après l'avoir louée dans son Histoire. Elle demeura stérile, selon la prédiction de saint Sabas, et mourut vers l'an 565.