Marquise de MONTESSON
MONTESSON (Charlotte - Jeanne BÉRAUD de LA HAYE de RIOU,
Marquise de), née en 1737 à Paris, morte le 6 février 1806. Mariée à seize ans avec un vieillard, le lieutenant- général de Montesson et veuve à trente-deux ans elle épousa, en 1773, Louis- Philippe d'Orléans, petit-fils du régent, qui mourut en 1785. Son mariage fut célébré secrètement ; mais, comme le dit le duc de Lévis, jamais union n'eut plus de publicité que ce mariage secret. L'épouse du duc, qui garda le titre de Marquise de Montesson, attira les regards de toute la société par le goût avec lequel elle tint sa maison. On recherchait vivement la faveur d'être admis aux fêtes et aux représentations théâtrales qu'elle donnait. Les principaux acteurs de son théâtre étaient de Ségur, de Gand, d'Onesan, et Mmes du Crest et de Lamark. le duc d'Orléans faisait aussi partie de la troupe. Mme de Montesson avait elle-même, parmi ses familiers, la réputation d'une excellent comédienne, et Collé va jusqu'à la comparer avec Mlle Clairon. Le jugement de Mme de Genlis est bien différent : "Mme de Montesson, dit-elle, jouait, à mon gré, fort mal la comédie, parce qu'en cela, comme en toute chose, elle manquait de naturel ; mais elle avait beaucoup d'habitude et de l'espèce de talent d'une comédienne de province, parvenue par son âge aux premiers emplois et n'ayant que de la routine."
Plusieurs des pièces représentées chez Mme de Montesson furent composées par elle-même. M. de Lévis les juge ainsi : "Jamais rien de choquant ou de ridicule, mais aussi rien de saillant, pas un trait heureux, pas un mot piquant : le dénouement arrivait au bout des cinq actes comme les morts de vieillesse, parce qu'il faut bien que tout finisse ; alors on éprouvait pour la première fois un mouvement de gaieté, en songeant au bon souper qui suivait immédiatement cette représentation. Cette absence totale d'esprit dans les ouvrages d'une personne qui n'en manquait pas avait de quoi surprendre." Nous avons de Mme de Montesson les douze comédies suivantes : La Marquise de Sainville, Robert Sciarts, L'heureux échange, L'amant romanesque, L'aventurier comme il y en a peu, L'homme impassible, L'héritier généreux, La fausse vertu, Le sourd volontaire, L'amant mari, La Comtesse de Chazelle. Elle a laissé aussi deux tragédies : La Comtesse de Bar et Agnès de Méranie. Une seule de ces pièces, La Comtesse de Chazelle, fut jouée devant le public et eut au Théâtre- Français une chute complète. Mme de Montesson écrivit en outre un roman, intitulé Pauline, un poème en cinq chants, Rosamonde, et un conte allégorique: Les dix-huit portes. Toutes ces œuvres ont été réunies sous le titre d'Oeuvres Anonymes (Paris, 1782-85, 8 vol. gr. in-8). La rareté de ce recueil , tiré à douze exemplaires, lui a donné un prix excessif ; un exemplaire s'est payé plus de 800 francs en vente publique.