Les Belles Dames du temps jadis

des ROCHES (Madeleine et Catherine NEVEU, Dames), femmes poètes françaises, nées à Poitiers, mortes en 1587. Le petit fait qui aida à leur renommée de beauté et d'esprit tient une assez grande place dans l'histoire littéraire du XVI^e siècle. C'était en 1579, pendant les grands jours de Poitiers. Etienne Pasquier, qui faisait partie du tribunal, rendit visite aux Dames des Roches et, pendant qu'il conversait avec elles, vit une puce sur la gorge de Catherine. Aussitôt il fit sur le téméraire insecte des vers qui se répandirent et les beaux esprits du temps se donnèrent carrière sur le même sujet, les uns en français, d'autres en italien, en latin et en grec. Pasquier réunit toutes ces pièces et les publia sous ce titre : La Puce de Madame des Roches (Paris, 1582, in-4). Cette curiosité littéraire a été réimprimée par la Société des bibliophiles (1870).

Les Dames des Roches étaient savantes, et écrivaient bien en vers : Madeleine, la mère, avec plus de tendresse ; Catherine, avec une sagesse plus froide. Le sonnet de Madeleine sur la mort d'une amie est plein d'émotion et de charme :

                           Las ! où est maintenant ta jeune bonne grâce

                           Et ton gentil esprit, plus beau que ta beauté ?

Celui de Catherine à sa quenouille offre plus de raison que de poésie :

                           Quenouille, mon soucy, je vous promets et jure

                            De vous aimer toujours, et jamais ne changer

                           Vostre honneur domestic pour un bien étranger.

On a les Premières œuvres de M^mes des Roches (Poitiers, 1579, in-4 et Rouen, 1604, in-12), et les Secondes œuvres de M^mes des Roches (Poitiers, 1584, in-4, et Rouen, 1604, in-12).

 Cf. Liotard : Notes sur la réimpression de La Puce (1870).