Les Belles Dames du temps jadis

Junie, Lamie et Léontium

JUNIE (Junia Calvina), dame romaine fameuse par ses galanteries, descendait de l'empereur Auguste en droite ligne. Elle joignait à l'éclat de sa naissance une rare beauté, mais qui n'était pas relevée par la sagesse. Son intimité avec Silanus son frère la fit accuser d'inceste, et exiler par l'empereur Claude. Elle fut rappelée par Néron, et vécut jusqu'au règne de Vespasien. Racine, dans sa tragédie, Britannicus, la dépeint bien autrement que les écrivains anciens. Comme Britannicus était un homme vertueux, le poète a supposé que son amante avait les mêmes qualités, et a fait de Junie une vestale digne du cœur de son héros. Une telle licence ne devrait pas être permise, même aux poètes, car elle tend à la subversion totale des notions historiques.

 

LAMIE, fameuse courtisane, fille d'un athénien. Après avoir été joueuse de flûte, devint maîtresse de Ptolémée Ier, roi d'Egypte. Elle fut prise dans la bataille navale que Démétrius Polyorcète gagna sur ce prince auprès de l'île de Chypre. Le vainqueur l'aima autant que le vaincu, quoiqu'elle fût déjà d'un âge avancé. Les Athéniens et les Thébains lui élevèrent, comme à toutes les célèbres corruptrices de bonnes moeurs un temple sous le nom de Vénus Lamie.

 

LÉONTIUM, courtisane athénienne, philosopha et se prostitua toute sa vie. Epicure fut son maître, et les disciples de ce philosophe ses galants. Métrodore fut celui qui eut le plus de part à ses faveurs ; elle en eut un fils, qu'Epicure recommanda en mourant  à ses exécuteurs testamentaires. Léontium soutint avec chaleur les dogmes de son maître, qui avait été aussi son amant. Elle écrivit contre Théopraste avec plus d'élégance que de solidité. Son style, suivant Cicéron (De nat. Deor. , lib. 1), était pur et attique. Léontium eut aussi une fille nommée Danaé, héritière de la lubricité de sa mère. Cette fille fut aimée de Sophron, préfet d'Ephèse ; ayant favorisé l'évasion de son amant condamné à mort, elle fut précipitée d'un rocher et fit éclater dans ses derniers moments des sentiments extravagants et impies, tels qu'on devait les attendre d'une prostituée, disciple d'Epicure.

 

 



27/11/2010
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