Les Belles Dames du temps jadis

Jeanne de LA MOTTE

MOTTE (Jeanne DE LUZ DE SAINT-REMY DE VALOIS, comtesse de la), née dans l’indigence, le 22 juillet 1756, à Fontette en Champagne, descendait de la maison royale de Valois, par Henri de St.-Rémy, fils naturel de Henri II. Son père Jacques de Saint-Rémy de Valois, était mort à l’Hôtel Dieu de Paris. La marquise de Boulainvilliers avait recueilli cette jeune enfant, demandant l’aumône, et l’avait fait élever à ses frais. Son illustre origine ayant été prouvée, on lui accorda une pension ; en 1780 elle épousa le comte de La Motte, qui servait dans la gendarmerie de France, et fut recommandée au cardinal de Rohan, qui lui conseilla de s’adresser directement à la reine, lui avouant qu’il avait encouru sa disgrâce, et que sa recommandation auprès d’elle ne lui serait d’aucune utilité. Mme de La Motte tira dans la suite parti de cet aveu, en lui offrant de devenir un intermédiaire entre lui et la souveraine, dont il paraissait désirer ardemment de reconquérir le suffrage. Cette femme intrigante découvrit en même temps que la reine avait refusé au joaillier de la couronne l’autorisation d’acheter un superbe collier de 16 à 1,800,000 francs. Elle parvint à persuader au cardinal, que la reine, dont elle disait avoir gagné la confiance, désirait ce collier, et que son entremise dans cette affaire,  où elle ne voulait pas paraître, lui serait très agréable. Effectivement le cardinal acheta pour la reine le collier, et le livra à Mme de La Motte sur une simple autorisation qui portait la fausse signature de Marie-Antoinette de France (1er février 1785). Cette princesse n’en fut instruite que lorsque les joailliers se présentèrent auprès d’elle pour en réclamer le paiement. Hors d’elle-même, elle se plaignit au roi, qui fit arrêter le cardinal. Celui-ci fut acquitté sur les preuves qu’on avait eues que la mari de Mme de La Motte était subitement passé de l’indigence à un luxe extrême, et qu’il avait vendu à Londres, où il s’était sauvé après l’enlèvement du collier, des diamants pour des sommes considérables. Mme de La Motte, arrêtée à Bar-sur-Aube et conduite à la Bastille, fut condamnée à faire amende honorable, à être fouettée et marquée sur les deux épaules, et renfermée pour le restant de ses jours à la Salpêtrière. Elle subit son arrêt dans la prison, parce qu’on craignait que la fureur et le désespoir ne la portassent à proférer en public des calomnies atroces. Elle tenta, dit-on, de s’étouffer au moyen de la couverture de son lit, et parvint à s’évader. Au bout de quelques temps, elle alla joindre son mari qui jouissait à Londres du fruit de son vol ; lais elle ne profita pas longtemps de sa liberté ; une fièvre bilieuse l’emporta le 23 août 1791 ; d’autres prétendent qu’elle se jeta du haut d’une fenêtre sur le pavé. M. de La Motte  publia en faveur de son épouse un Mémoire, amas de mensonges évidents de grossièretés dégoûtantes, qu’il envoya à Paris ; mais cet écrit fut saisi et brûlé par ordre de l’in tendant de la liste civile. Il a été réimprimé à Paris en 2 vol., in-8, sous le titre de Vie de Jeanne de Saint-Rémy, comtesse de La Motte, écrite par elle-même, etc. On a encore deux Mémoires justificatifs de la comtesse Valois de La Motte, écrits par elle-même, 1788 et 1789, in-8. L’abbé Georgel, dans ses Mémoires pour servir à l’histoire des événements du 18e siècle, a donné beaucoup de détails sur cette affaire mais on doit les lire avec méfiance. 

 

 

 

 



29/09/2010
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