Les Belles Dames du temps jadis

Duchesse de DURAS

DURAS (Claire de Kersaint, duchesse de), femme auteur française, née en 1778 à Brest, morte en 1829. Fille du comte de Kersaint, qui périt sur l'échafaud en 1793, elle s'embarqua pour l'Amérique avec sa mère, résida à Philadelphie et à la Martinique, puis vint à Londres, où elle épousa le duc de Duras. De retour en France sous le Consulat, elle vécut loin du monde, avec son mari, dans un château de la Touraine, jusqu'à la fin de l'Empire. La Restauration ayant rendu au duc de Duras sa charge de premier gentilhomme de la chambre et l'ayant fait pair de France, la duchesse eut un salon distingué par la tournure en même temps aristocratique et libérale, sérieuse et affable, de l'esprit qui y régnait. Là se trouvaient réunis Chateaubriand, qui de longtemps appréciait Mme de Duras, Talleyrand, Cuvier, Humboldt… Elle n'avait pas encore songé à écrire, lorsqu'un soir, en 1820, elle raconta une anecdote, dont on lui conseilla de faire un roman. De là naquit Ourika (1823, in-12), qui fut suivi d'Édouard (1825, in-12), puis d'autres compositions restées inédites : Frère Ange, Olivier, les mémoires de Sophie. Tous ces écrits sont des nouvelles plutôt que des romans. L'idée principale qui les anime est une idée d'inégalité, soit de nature, soit de position sociale, mettant obstacle entre le désir de l'âme et son objet. Dans Ourika, l'amour d'une jeune sénégalienne amenée en France et élevée d'une manière accomplie est méconnu à cause de sa couleur, et elle se dévore en proie à une lente passion  qu'elle va cacher dans un couvent. Dans Édouard, un jeune plébéien de la fin du XVIIIe, avec une instruction solide et la plus sympathique nature, aime sans espoir une noble héritière. "Le style de Mme de Duras, qui s'est mise si tard et sans aucune préméditation à écrire, dit Sainte-Beuve, ne se sent ni du tâtonnement, ni de la négligence. Il est né naturel et achevé ; simple, rapide, réservé pourtant."  En 1826, Henri Latouche publia, sous le voile de l'anonyme, et dans une forme d'impression semblable à celle des romans de Mme de Duras, un petit roman intitulé Olivier, dont la donnée était immorale ; on se laissa prendre à cette supercherie. 



23/11/2011
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour