Les Belles Dames du temps jadis

Audovère, Brunehaut et Frédégonde

AUDOVÈRE ou AUDOUAIRE , première femme de Chilpéric Ier , roi de France, lui avait déjà donné trois fils, lorsque ce prince forma la résolution de s’en séparer. Frédégonde, attachée au service de la reine, pour donner à ce prince un prétexte de rompre son mariage, conseilla à Audovère de tenir elle-même, sur les fonds de baptême, le dernier fils dont elle était accouchée pendant l’absence du roi, lui persuadant qu’en se faisant doublement mère de cet enfant, elle en serait plus chère à son époux. A cette époque, l’Eglise interdisait rigoureusement le mariage entre ceux qui avaient contracté une alliance spirituelle ; on fit valoir contre la reine l’union spirituelle qu’elle venait de contracter avec Chilpéric, en devenant marraine d’un de ses enfants, et il la répudia. Il est probable que cette histoire a été inventée à plaisir  car l’évêque auquel les lois canoniques devaient être connues, se serait opposé au dessein de la reine ; et d’ailleurs on sait que Chilpéric n’était pas assez scrupuleux pour chercher des prétextes quand il voulait satisfaire ses passions ; il le prouva en faisant périr, quelque temps après, sa seconde femme, Galsuinde, sœur de la célèbre Brunehaut. Ce ne fut qu’après l’assassinat de Galsuinde, que Childéric épousa Frédégonde, dont le bonheur et les forfaits étonnent encore aujourd’hui les esprits réfléchis : cette femme fit étrangler Audovère vers l’an 580, dans le monastère où elle s’était retirée depuis sa répudiation. 

 

BRUNEHAUT , fille d’Athanagilde, roi des Wisigoths, épousa Sigebert Ier, roi d’Austrasie, et d’arienne devint catholique. Après la mort de son mari, elle épousa son neveu Mérovée, contre les règles de l’Eglise, et ce mariage fut déclaré nul. Son fils Childebert, qu’elle avait, dit-on, fait empoisonner, ayant lui – même laissé ses deux fils sous sa conduite, elle corrompit le cadet pour gouverner en son nom. Après la mort de ce prince, Clotaire II qui régna seul, accusa devant les états cette femme ambitieuse d’avoir fait mourir dix princes de la famille royale, mais par une manière de compter assez extraordinaire, il y comprenait ceux qu’il avait fait mourir lui-même. Elle fut traînée par ses ordres à la queue d’une cavale indomptée, et elle périt misérablement par ce nouveau genre de supplice, en 613. Elle avait autant de charmes que d’esprit. Grégoire de Tours n’en dit pas de mal ; mais son histoire finit avant la régence de cette reine. Plusieurs historiens en parlent comme d’un monstre ; mais la plupart écrivaient sous le règne de Clotaire et de ses enfants, ne peut-on pas soupçonner qu’ils ont voulu justifier par-là la trop grande sévérité dont ce prince avait usé envers elle ? Les chaussées qui portent le nom de Brunehaut n’ont rien de commun avec cette reine, ni avec un roi Brunehaut, être imaginaire, qui, disent les chroniques fabuleuses, a fait construire tous ces chemins par le diable. Quant à la reine Brunehaut, elle n’a point fait construire des chemins, mais seulement des églises. 

 

FRÉDÉGONDE, femme de Chilpéric Ier , roi de France, née en 543 à Mont-Didier en Picardie, d’une famille obscure, entra d’abord au service d’Audouaire ou Audovère, première femme de ce prince. Elle employa tout son esprit et toute sa beauté pour la lui faire répudier. Chilpéric prit une seconde femme Galsuinde; Frédégonde la fit assassiner, et obtint le lit et le trône qu’elle occupait. Ce monstre d’ambition et de cruauté inspira son mari, et lui fit commettre une foule de crimes. Il accabla d’impôts ses sujets, et fit la guerre à ses frères. Frédégonde seconda ses armes par le fer et le poison. Elle fit assassiner Sigebert, Mérovée, Clovis, Prétextat, etc. Après la mort de Chilpéric, elle arma contre Childebert, défit ses troupes en 591, ravagea la Champagne, et reprit Paris avec les villes voisines qu’on lui avait enlevées. Elle mourut en 597, couverte de gloire par ses succès, et d’opprobre par ses crimes. Nous parlons, dans cet article, d’après le plus grand nombre des historiens. Il y a cependant apparence que la haine publique exagéra beaucoup les vices et les maux attribués à Frédégonde. Dreux Duradier a entrepris de la justifier dans son Histoire anecdotique des reines et régentes de France, 6 vol. in-12 ; mais il a été vigoureusement réfuté par Gaillard, dans le Journal des savants de janvier 1763, page 13 et suivantes.

 

 



24/09/2010
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