Amalasonte, Marosie et la Marquise d'ASTORGA
AMALASONTE, fille de Théodoric, roi des Ostrogoths, et mère d’Athalaric, fit élever son fils à la manière des Romains, ce qui déplut fort aux Goths. Cette reine, digne de régner sur un peuple plus poli, avait toutes les qualités propres à former un grand roi. Pleine de génie et de courage, elle maintint ses états en paix, fit fleurir les arts et les sciences, et appela les savants auprès d’elle. Elle savait les différentes langues des peuples qui s’étaient emparés de l’empire, et traitait avec eux sans interprète. Après la mort de son fils, arrivée en 534, elle mit sur le trône Théodat son cousin, qui eut l’ingratitude et la barbarie de la faire étrangler dans son bain, sous prétexte d’adultère. Justinien informé de cette perfidie, et pénétré de respect pour Amalasonte, déclara la guerre à son meurtrier, et la fit châtier par Bélisaire, son général. Les grandes qualités de cette princesse prennent leur source dans les beaux temps du règne de Théodoric, son père, lorsque les sages et les savants remplissaient une cour qu’on ne prévoyait pas alors devoir être un jour celle d’un tyran. D’après les historiens les plus exacts, Théodat exila Amalasonte, en 535, dans une île du lac de Bolsena, et permit à ceux qui avaient quelque vengeance à exercer sur elle de la poursuivre et de l’étrangler ; ce que ses satellites exécutèrent.
MAROSIE, dame romaine, fille de Théodora, monstre d’impudicité et de scélératesse, ne le céda pas à sa mère en méchanceté. Sa beauté, ses charmes et son esprit lui soumirent les coeurs des plus grands seigneurs de Rome. Elle se servit d’eux pour faire réussir ses desseins ambitieux, s’empara du château Saint-Ange, et destitua les papes à sa fantaisie. Elle fit déposer et périr Jean X en 928, et plaça en 931 sur le trône pontifical Jean XI, qu’elle avait eu du duc de Spolette. Elle avait d’abord épousé Adelbert ; et après la mort de son époux, elle se maria à Gui, fils du même Adelbert. Gui étant mort, elle contracta un troisième mariage avec Hugues, beau-frère de Gui. Albéric, son fils, qu’elle avait eu avec Adelbert, ayant reçu un soufflet de ce Hugues, assembla ses amis en 932, le chassa de Rome, et mit Jean XI, son frère utérin, en prison avec sa mère, laquelle mourut misérablement.
ASTORGA (la marquise d’), sous Charles II, roi d’Espagne, se fit connaître par un trait horrible de fureur jalouse, qu’on raconte de la manière suivante : «Le marquis son époux aimait une jeune personne parfaitement belle. Instruite de cette intrigue, elle court aussitôt, bien accompagnée, chez sa rivale, et la tue de sa main ; elle lui arrache ensuite le cœur, qu’elle fit accommoder en ragoût, et le servit à son mari. Lorsqu’il en eut mangé, elle lui demanda si ce ragoût lu semblait bon ? Il lui dit que oui. – Je n’en suis pas surprise, répond-elle aussitôt, car c’est le cœur de la maîtresse que tu as tant aimée. En même temps elle tire d’une armoire sa tête encore toute sanglante, et la fait rouler sur la table, où ce malheureux amant était avec plusieurs de ses amis. Sa femme disparaît dans le moment, et se sauve dans un couvent, où elle devint folle ». Quelques-uns pensent que l’anecdote espagnole est vraie.