Suzanne NECKER
NECKER (Suzanne CURCHOD DE NASSE, Mme), née en 1739 à Crassier, dans le pays de Vaud, morte en 1794. Fille d'un ministre protestant et peu fortunée, elle se livra à l'enseignement. Necker l'épousa en 1764. Ce fut l'union de deux cœurs épris dont la tendresse passionnée ne se démentit jamais. Mme Necker, malgré la raideur de ses manières, malgré l'emphase qu'elle apportait dans la conversation, fut bien vite appréciée pour les qualités solides de son esprit et de son cœur par les hommes distingués qui fréquentaient la maison de son mari : Buffon, Diderot, d'Alembert, etc. Du temps que Necker était ministre, elle s'occupa spécialement des hôpitaux et fonda en 1778 l'hôpital qui porte son nom. Le style de ses écrits sent l'apprêt comme celui de son mari mais, comme lui, elle a la pénétration, la finesse et l'élévation de la pensée. On a d'elle : Réflexions sur le divorce (Lausanne, 1794, in-8), plaidoyer éloquent pour l'indissolubilité du mariage ; Mélanges extraits des manuscrits de Mme Necker (Paris, 1798, 3 vol. in-8) ; Nouveaux mélanges (Paris, 1802, 2 vol. in-8), des suites d'études sur les facultés de l'âme humaine, sur les mœurs du XVIIIe siècle, sur les difficultés grammaticales et littéraires de la langue française ; l'auteur y retrace les entretiens qu'elle eut avec ses amis, souvent ses adversaires en métaphysique. Barère de Vieuzac en a extrait l'Esprit de Mme Necker (Paris, 1808, in-8).