Sophie GAIL
GAIL (Sophie née GARRE), née à Melun en 1776, était fille d'un habile chirurgien, auquel ses services avaient mérité le cordon de Saint-Michel. Elle montra de bonne heure d'heureuses dispositions pour les arts et surtout pour la musique : dès 1790 elle publia dans des journaux de musique différents morceaux qui furent accueillis avec faveur. En 1794 elle épousa M. Gail qui était alors professeur au Collège de France ; mais une fâcheuse incompatibilité de goûts troubla le bonheur de cette union qu'une séparation volontaire rompit au bout de quelques années. Madame Gail devenue libre, perfectionna encore son talent. Elle voyagea dans le midi de la France, visita l'Espagne, et reproduisit dans ses compositions plusieurs inspirations empruntées à la musique de ce pays. Au retour de son voyage elle songea à travailler pour le théâtre. Elle s'était déjà essayée, en 1797, dans le genre dramatique par la partition d'un opéra qu'elle avait composé, et qui mérita les suffrages de Méhul : cet opéra avait été joué dans quelques sociétés ; mais elle n'avait point osé hasarder son talent devant le public. Son début fut un chef-d'oeuvre : peu d'opéras ont été entendus avec autant d'enthousiasme que Les Deux Jaloux qu'elle donna en 1813, au théâtre Feydeau. Quelque temps après, madame Gail fit représenter Mademoiselle de Launay à la Bastille : autre opéra dont l'intrigue assez triste est tirée des Mémoires de Mme de Staël qui en est l'héroïne. Elle eut peu de succès, mais la musique fit encore honneur à madame Gail. Son dernier opéra intitulé La Sérénade ne fit qu'augmenter sa réputation. Madame Gail a aussi publié trois recueils de nocturnes, et un grand nombre de romances, qui pourraient servir de modèles. Elle s'occupait d'ouvrages plus étendus que ceux qu'elle avait publiés jusque là, lorsqu'une maladie aiguë de poitrine vint l'enlever aux arts le 24 juillet 1817. Peu de temps avant de mourir, elle eut la satisfaction de voir son fils couronné par l'académie des inscriptions et belles-lettres. Après sa mort on a donné d'elle deux nouveaux recueils de nocturnes et un autre recueil de romances.