ROSEMONDE
ROSEMONDE, ROSAMONDE ou ROSMONDE, reine des Lombards, était fille de Cunimond, roi des Gépides, et avait reçu le jour vers 560. Son père ayant été défait par Alboin, et mis à mort par ordre de ce monarque, elle fut élevée dans le palais du vainqueur. Alboin l'épousa malgré la résistance qu'elle apporta longtemps à cette union. Elle ne pouvait oublier les malheurs ni la fin tragique de son père ; Alboin s'en aperçut, et voulut l'en punir d'une manière digne de son cœur farouche. Il donnait un jour à Vérone une fête magnifique à ses officiers, lorsqu'il fit apporter un crâne, qu'il dit à Rosmonde être celui de son père, et la força à boire dans cette horrible coupe. Ce trait d'atrocité inouïe réveilla la vengeance de Rosmonde, qui résolut d'ôter la vie à son époux. A cet effet, elle fixa les yeux sur Almachilde, gentilhomme lombard, auquel elle promit, en récompense de ce funeste service, sa main et la couronne des Lombards, dont elle devait hériter. Après bien des instances, Almachilde céda enfin ; mais il demanda un complice pour assurer le coup. Rosmonde lui donna Péridée, soldat de foirtune qu'elle gagna en sacrifiant son propre honneur. Un jour qu'Alboin dormait dans ses appartements après son repas, Almachilde et Péridée envoyèrent des assassins prévenus d'avance, qui, introduits par la reine auprès de son époux, le poignardèrent. Rosmonde donna aussitôt sa main à Almachilde et, après s'être emparée des trésors d'Alboin, s'enfuit à Ravenne avec sa fille Albisvinde et son nouveau mari. Soit que celui-ci voulût régner en maître absolu, soit que la reine ne l'eût jamais considéré que comme l'instrument de sa vengeance, elle écouta les offres de Longin, gouverneur romain, qui à son tour promit de l'épouser si elle trouvait le moyen de faire périr Almachilde. L'exarcat de Ravenne, qui venait d'être créé en faveur de Longin, flattait la vanité de Rosmonde. L'ambition, jointe au dégoût qu'elle avait conçu pour son époux, la décida à s'en défaire : elle avait commis un premier crime, un second ne pouvait guère l'arrêter. Elle prépara du poison et le donna elle-même à Almachilde lorsqu'il sortait du bain. Ce breuvage eut un effet trop subit pour qu'il n'y reconnût pas une nouvelle trahison de la part de Rosmonde ; voulant qu'elle l'accompagnât au tombeau il s'élança sur elle, et lui appuyant son épée sur le cœur, il la força d'avaler ce qui restait du poison, et tous les deux expirèrent dans d'horribles douleurs (573). Les trésors du roi d'Italie avec la princesse Albisinde et Péridée furent envoyés à Constantinople par Longin. Les faits rapportés dans cet article ont été plusieurs fois reproduits sur la scène tragique, notamment par Alfieri, et chez nous par Baro, par Chrét. Descroix, par Taconnet, et plus récemment par M. Ampère fils.