PLOTINE
PLOTINE (Plotina Pompeia), Femme de l'empereur Trajan, avait épousé ce prince longtemps avant qu'il parvint à l'empire. Elle fit avec lui son entrée à Rome, aux acclamations du peuple ; et en montant les degrés du palais impérial, elle dit qu'elle y entrait telle qu'elle souhaitait d'en sortir. Ce qui, avec un sentiment précieux, présente une vanité puérile. Tel était le goût de la philosophie du temps. Elle contribua beaucoup à la diminution des impôts, dont les provinces étaient surchargées. Elle accompagnait son époux en Orient, lorsque ce prince mourut à Sélinunte, l'an 117. Plotine porta les cendres de Trajan à Rome, où elle revint avec Adrien, qu'elle avait favorisé dans tous ses desseins. Ce prince lui dut l'adoption que Trajan fit de lui, et par conséquent l'empire. Elle eut pour lui des sentiments qui donnèrent lieu à des bruits que l'on ne doit peut-être pas légèrement adopter. Ce qu'il y a de certain c'est qu'Adrien n'avait pas de quoi justifier cette adoption mais, plein d'une tendre reconnaissance, il conserva à sa bienfaitrice l'autorité qu'elle avait eu sous Trajan. "Plotine", dit un écrivain sagement en garde contre les jugements du monde, "a partagé l'enthousiasme que son époux a inspiré même aux philosophes. Les auteurs de la Description des pierres gravées du cabinet du duc d'Orléans adoptent, sans restriction, l'éloge très étendu que Pline a fait de cette princesse ; ils ne pardonnent pas à Dion d'avoir voulu jeter quelques nuages sur sa vertu : cependant Dion paraît très bien instruit, et son témoignage est plus grave que celui d'un panégyriste de profession. Spartien prétend que l'adoption d'Adrien est une supercherie de Plotine, qui conduisit cette intrigue, Trajan étant déjà mort. Eutrope est à peu près du même sentiment. Parmi les modernes, Crevier pense qu'il faut un peu se défier des louanges de Pline. La mort enleva Plotine en l'année 1239 ; et selon la folie impie de ces siècles ténébreux, elle fut mise au rang des dieux.