Marie d'AGREDA
AGREDA (Marie d'), religieuse cordelière, de la famille Coronel, supérieure de couvent de l'Immaculée Conception à Agreda en Espagne, naquit dans cette ville en 1602. Cette fille s'imagina avoir eu une vision, dans laquelle Dieu lui donna des ordres exprès d'écrire la vie de la Sainte Vierge. Elle commença ce journal en 1637 ; mais un confesseur éclairé, qui la dirigeait pendant l'absence de son confesseur ordinaire, lui ordonna de le jeter au feu. Celui-ci étant de retour lui fit recommencer son ouvrage. Marie d'Agreda lui obéit avec empressement, et ce fruit de ses méditations, ou plutôt de ses rêveries, parut après sa mort sous ce titre : La mystique cité de Dieu, miracle de sa toute-puissance, abîme de la grâce de Dieu, histoire divine et la vie de la très sainte Vierge Marie, mère de Dieu, manifestée dans ces derniers siècles par la Sainte Vierge à la sœur Marie de Jésus, abbesse du couvent de l'Immaculée Conception de la ville d'Agreda. On trouva cette production toute écrite de sa main, avec une attestation que tout ce qui y était contenu lui avait été révélé. La lecture en fut défendue à Rome ; et le P. Crozet, récollet, de Marseille, en ayant publié la première partie en français, la Sorbonne la censura très vivement, l'an 1696, quoiqu'elle eût été approuvée en Espagne. La traduction entière de ce franciscain parut à Bruxelles, 1717, en 8 vol. in-12, et en 3 vol. in 4°. Ses ouvrages ayant été mûrement examinés selon les règles établies dans la savante dissertation de Benoît XIV, la congrégation des Rites publia, en 1774, un décret pour imposer silence sur la béatification de cette religieuse. L'année suivante, il se tint encore une congrégation à ce sujet, après laquelle le pape devait donner le décret de non procedendo ulterius, qui cependant est encore resté suspendu. Il n'est pas possible qu'un homme sensé, qu'un chrétien solidement instruit dans sa religion, soutienne la lecture du livre de Marie d'Agreda, sans des mouvements de pitié envers cette bonne fille, et d'indignation contre les promoteurs et les éditeurs de ces prétendues révélations. Elle mourut le 24 mai 1665.