Marguerite et Marguerite
MARGUERITE, fille héritière de Florent, comte de Hollande, est célèbre par un conte. Ayant refusé l'aumône à une femme qu'elle accusa en même temps d'adultère, Dieu la punit, en la faisant accoucher, l'an 1276, de 365 enfants, tant garçons que filles. Cette histoire est peinte dans un grand tableau d'un village peu éloigné de la ville de La Haye et à côté du tableau on voit deux grands bassins d'airain sur lesquels on prétend que les 365 enfants furent présentés au baptême. Mais combien de fables ne seraient point attestées, s'il suffisait de citer un tableau en leur faveur ! Il y a apparence que ce conte vient de ce qu'on aurait dit que Marguerite est accouchée d'autant d'enfants qu'il y a de jours dans l'année, mauvais calembour qu'on répète encore quelquefois aujourd'hui le dernier jour de l'an, pour désigner l'unité sous l'apparence d'un grand nombre. Du reste, l'efficacité des malédictions et imprécations est une chose incontestable, quoiqu'il soit apparent que jamais elle n'ait eu d'effet si extraordinaire. L'histoire en fournit des preuves sans réplique. l'écriture sainte dépose également en sa faveur : Maledicenti tibi in amaritudine animae exaudietur deprecation illius : exaudiet autem eum qui fecit illum (Eccl. 4).
Il y a une autre MARGUERITE, femme d'un comte palatin, qui accoucha dans Cracovie, en 1269, de 36 enfants, tous en vie si l'on en croit Martin Cromer, Guichardin qui l'a copié, et cinquante auteurs qui ont rapporté cette anecdote après eux avec la plus confiante docilité. Il ne faut cependant pas nier qu'il n'y ait eu quelques exemples d'une fécondité prodigieuse. Pic de la Mirandole parle de deux femmes, dont l'une accoucha de neuf, l'autre de onze enfants. Joubert, dans ses Erreurs populaires, rapporte que la grand'mère de la maréchale de Montluc, héritière de la maison de Boville en Agénois, eut d'une seule couche neuf filles, qui vécurent toutes et furent mariées, et dont on voyait encore, du temps de Joubert , le tombeau dans l'église de la cathédrale d'Agen.