Madame LAFOSSE
LAFOSSE (Anne CHARLIER), fille d’un coutelier de Paris, et femme d’un ébéniste, est connue par un miracle bien surprenant opéré sur sa personne l’an 1725. Elle était attaquée depuis 20 ans d’une perte considérable, et si affaiblie, qu’elle pouvait à peine se soutenir. Une protestante, sa voisine, lui donna le conseil de demander, à l’exemple de l’Hémorroïsse de l’Evangile, sa guérison à Jésus-Christ. Poussée par une inspiration secrète, elle en forma sur-le-champ la résolution et choisit pour l’exécuter le jour de la Fête - Dieu, où la procession passait devant sa porte. Elle se fit descendre à ce moment dans la rue, et lorsqu’elle aperçu le Saint-Sacrement, elle essaya de se mettre à genoux, et pria d’une foi si vive, en faisant tous ses efforts pour le suivre, qu’elle se sentit tout à coup plus de force, et qu’elle pu même accompagner la procession jusqu’à l’église. En y entrant elle sentit le sang s’arrêter, assista à la grand’messe, et revint chez elle, seule sans appui au grand étonnement de tous ceux qui la connaissaient. Depuis ce jour elle fut complètement guérie. Cet événement fit beaucoup de bruit ; on venait la voir de toutes parts. Des médecins de la faculté royale furent choisis pour l’examiner avec une exactitude rigoureuse, et sur leur rapport, le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, publia un mandement par lequel il déclarait la guérison surnaturelle et miraculeuse, et ordonnait une procession et un Te Deum en actions de grâces. Pour en conserver la mémoire, il voulut qu’on gravât le dispositif de son mandement sur une pierre érigée dans l’église de Sainte Marguerite. Un office annuel avec octave se célèbre dans cette église en commémoration de ce miracle. Cette solennité, interrompue pendant la Révolution, a été reprise le 31 mai 1818. L’office qu’on y dit a été imprimé en 1725 et 1761. Les hymnes latines ont été composées par Coffin. Le cardinal envisagea cette guérison comme un témoignage solennel que Dieu avait voulu rendre au dogme de la présence réelle, pour éclairer les protestants qui étaient en grand nombre dans le Faubourg Saint-Antoine, où demeurait Mme Lafosse. Le miracle opéré en sa faveur a donné lieu à une correspondance polémique entre le chanoine Hoquiné et le pasteur Jacob Vernet, de Genève, imprimée en 1725, 2 vol. in-8°. Voyez l’Histoire littéraire de Genève, par Sénebier.