Les Belles Dames du temps jadis

Madame GUYARD

GUYARD (Adélaïde LABILLE, en dernier lieu femme VINCENT, mais plus connue sous le nom de Madame), membre de l’ancienne académie de peinture, née à Paris en 1749, reçut ses premières leçons de Fr.-Elie Vincent, peintre en miniature et père de l’artiste distingué qui devint son époux. Les progrès qu’elle fit sous ce maître furent très rapides, et déjà en 1770 quelques ouvrages au pastel lui ouvrirent els portes de l’académie  de Saint - Luc. D’après les conseils du fameux peintre au pastel, Latour, elle entreprit avec succès des travaux plus considérables que ceux auxquels elle s’était livrée jusqu’alors. Adélaïde Labille acquit bientôt , dans l’étude de l’anatomie et de la perspective, parties si essentielles à l’art qu’elle pratiquait, et qui cependant étaient alors si négligées, des connaissances très étendues qui la placèrent  au rang des premiers maîtres de l’école française. En 1782, elle présenta au concours de l’académie des portraits de grandeur naturelle de plusieurs des membres de cette compagnie, entre autres ceux de Vien, Bachelier, Ducis et Brizart. Cependant l’usage de l’académie exigeait que les candidats présentassent des tableaux à l’huile : elle fit, pour s’y conformer, le portrait du sculpteur Gois ; quoique ce fut son coup d’essai, il lui mérita l’honneur d’être admise à l’académie dans la séance du 31 mai 1783. Mlle Labille continua de travailler à l’huile, et dans les salons de 1783 et 1784, elle exposa différents portraits qui partagèrent avec ceux de madame Lebrun l’admiration des connaisseurs. Parmi ceux que l’on remarqua en 1784, se trouvait son propre portrait d’une ressemblance frappante. Plus tard elle donna successivement les portraits en grand de Mesdames de France, qui lui valurent le titre de peintre de Monsieur, celui de l’infante d’Espagne princesse de Parme, un tableau de famille et le portrait de Vincent, son époux. Elle forma aussi un grand nombre d’élèves de son sexe ; elle aimait la jeunesse, et elle avait adressé un mémoire à l’Assemblée nationale, dans le but de provoquer une institution qui pu procurer aux jeunes filles sans fortune un moyen honnête d’existence, M. de Talleyrand en a rendu un compte avantageux dans son Rapport sur l’instruction publique ; néanmoins son projet resta sans effet. Attachée à la famille royale par les sentiments non moins que par la faveur qu’elle en avait obtenue, Mme Guyard vit sa laborieuse carrière traversée par les troubles de la Révolution. Ils compromirent sa fortune et empoisonnèrent ses dernières années, elle qui avait été chargée un grand tableau qui devait représenter la réception d’un chevalier de Saint Lazare, par Monsieur, grand-maître de cet ordre . Elle venait de le terminer après plusieurs années de travail, et elle se complaisait à y voir son principal titre de célébrité, lorsqu’il fut anéanti par la grossière brutalité de quelques sicaires. Le chagrin violent qu’elle en ressentit altéra sa santé et elle mourut en 1803. Le naturel des poses, la douceur de l’expression et la grâce des figures sont le principal mérite de ses ouvrages. M. Lebreton, secrétaire perpétuel de la classe des Beaux - Arts de l’Institut, lui a consacré une notice dans le Magasin encyclopédique, 9e année, tome 1er, p.405 et suivantes.  



01/11/2010
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