Madame DORVAL
DORVAL (Marie-Amélie-Thomase DELAUNAY épouse), actrice française, née en 1792 à Lorient, morte en 1849. Fille de comédiens, elle joua d'abord à Lille des rôles d'enfants sous le nom de Bourdais qui était celui de son oncle, acteur comique distingué. On la maria fort jeune à Allan-Dorval, maître de ballets, et elle fut attachée à diverses troupes de province pour interpréter les amoureuses de comédie et les dugazons d'opéra comique. A Strasbourg elle commença à prendre l'emploi de premier rôle de comédie et de drame. Potier, qui l'y vit, fut frappé de son talent et la fit engager au théâtre de la Porte -Saint- Martin en 1818. Elle y resta jusqu'à l'époque de ses débuts au Théâtre -Français, au mois de février 1834. Le nom de Mme Dorval se lie à la révolution dramatique opérée par l'école romantique. Son jeu, où l'art disparaissait sous le naturel de la sensibilité et sous les élans de la passion, s'adaptait parfaitement à la littérature nouvelle. A la majesté classique elle substituait, elle aussi, la violence des effets. Mme Dorval commença à manifester ses remarquables qualités, à la Porte -Saint-Martin, dans des œuvres mélodramatiques, le Château de Kenilworth, les Deux forçats, Trente ans ou la Vie d'un joueur, etc. ; puis des créations d'un ordre plus élevé, Antony et Marion de Lorme, lui fournirent le moyen de développer tout son talent. Au Théâtre -Français, elle se fit applaudir surtout dans Angelo et dans Chatterton, elle rendit avec puissance l'ardente passion de la Thisbé, et fit de Ketty -Bell une suave figure. Vers la fin de sa vie, elle s'esseya au répertoire classique de l'Odéon, créa Agnès de Méranie, et joua, non sans succès, les rôles de Phèdre et d'Hermione. Puis, revenant au drame des boulevards, elle remporta un dernier succès avec Marie-Jeanne , malgré ses forces épuisées et sa voix presque éteinte. Veuve de son premier mari, elle épousa le critique et auteur dramatique Merle.
cf. Coupy : Marie Dorval ; - George Sand : Histoire de ma vie ; - Alex. Dumas : Mémoires.