Madame de LA SABLIERE
LA SABLIÈRE (Marguerite HESSEIN, Mme de), née vers 1636, morte le 8 janvier 1693. Le nom de La Fontaine suffirait à faire vivre celui de Mme de La Sablière. On ne peut ouvrir le recueil de ses Fables, sans y voir sa protectrice Avec ses traits, son souris, ses appas, son art de plaire et de n'y penser pas. C'est que jamais poète ne trouva plus aimable et plus intelligente protection. Pendant vingt ans il eut chez elle maison ouverte, table et logement et y resta alors même que, retirée du monde, elle passait sa vie aux Incurables dont elle soignait les pauvres pensionnaires. Mme de La Sablière donnait aussi l'hospitalité au savant Bernier, qui lui enseignait la philosophie gassendiste. "Elle était, dit Walckenaer, aussi réservée, aussi modeste que savante ; non seulement elle entendait la langue du siècle d'Auguste et savait par cœur les plus beaux vers d'Horace et de Virgile mais elle n'était étrangère à aucune des connaissances humaines de son temps… Les seigneurs de la cour Lauzun, Rochefort, Brancas, La Fare, de Foix, Chaulieu, aimaient à se réunir chez M. de La Sablière avec les étrangers les plus illustres, les hommes les plus éminents dans les sciences, dans les lettres et dans les arts, les femmes les plus remarquables par leurs attraits et leur esprit et Mme de La Sablière, par sa conversation toujours variée, par sa politesse exquise, par sa gaieté naturelle, était l'ornement, le lien et l'âme de ces cercles brillants." La Fontaine, dans le ravissant préambule de la fable des Deux rats, le renard et l'œuf, nous a donné un écho des conversations auxquelles Mme de La Sablière présidait. Après avoir partagé l'amour qu'elle avait inspiré à La Fare, elle fut abandonnée par son amant, se convertit, et termina sa vie dans des œuvres pieuses et charitables. Elle a laissé un petit nombre de Pensées chrétiennes, que l'on trouve dans plusieurs éditions des Maximes de La Rochefoucauld.