Madame de la FAYETTE
FAYETTE ( Marie-Madeleine PIOCHE de la VERGNE, comtesse de la), née en 1632, était fille d'Aymar de La Vergne, maréchal de camp, gouverneur du Havre-de-Grâce. Elle épousa, en 1655, François, comte de La Fayette. Elle se distingua encore plus par son esprit que par sa naissance. Tous les beaux esprits de son temps la recherchèrent. Parmi les gens de lettres, Ménage, La Fontaine, Ségrais, étaient ceux qu'elle voyait le plus souvent. Elle mourut en 1693. Les principaux de ses écrits sont : Zaïde, roman qui eut la plus grande vogue ; La Princesse de Clèves, 2 vol. in-12, autre roman attaqué avec beaucoup d'esprit par Valincourt, qui en fit la critique, n'ayant pas encore 22 ans. Mme de La Fayette avait mis sous le nom de Ségrais ces deux productions. Ce bel esprit avait contribué à la disposition de l'édifice, et la dame l'avait orné. La Princesse de Montpensier, in-12 ; des mémoires de la cour de France pour les années 1688 et 1689, in-12. On lui reproche d'avoir fait payer à Mme de Maintenon, dit un auteur, la gloire d'avoir été dans sa jeunesse plus aimable qu'elle. Histoire d'Henriette d'Angleterre, in-12 : on y trouve peu de particularités intéressantes. Divers portraits de quelques personnes de la cour. Tous ces ouvrages sont encore assez recherchés. Mme de Sévigné fait de ses qualités le portrait le plus flatteur. Mais la Beaumelle l'a peinte moins avantageusement. "Elle n'avait pas, dit-il, ce liant qui rend le commerce aimable et solide ; on trouvait autant d'agréments dans ses écrits, qu'elle en avait peu dans ses propos. Elle était trop impatiente ; tantôt caressante, tantôt impérieuse, exigeant des égards infinis, et y répondant souvent par des hauteurs." Qualités qui n'ont rien d'étonnant dans une femme qui, délivrée des occupations domestiques et paisibles de son état, est transportée dans les sociétés des beaux - esprits, et tourmentée des prétentions du savoir, à qui le nom de mère et d'épouse, de femme vertueuse, douce et modeste, est moins cher que celui d'auteur. "L'homme - femme, dit l'auteur, de l'Influence de la philosophie sur l'esprit et le cœur, est aussi ridicule que la femme - homme : ce sont de monstrueux assemblages que notre siècle, fertile en choses rares et curieuses, réalise à chaque instant. Depuis qu'il y a des petits-maîtres, il y a des femmes savantes ; depuis que les hommes ont porté des colifichets, et ont affecté une toilette féminine, les femmes en revanche ont affecté la science des hommes, et se sont enfoncées dans les études abstraites. Lequel vous donne meilleure opinion d'une femme, en entrant dans sa chambre, de la voir occupée à des travaux de son sexe, des soins de son ménage, environnée des hardes de ses enfants, ou de la trouver écrivant des vers sur sa toilette, entourée de brochures de toutes les sortes, et de petits billets de toutes les couleurs ? Toute fille lettrée restera fille toute sa vie, quand il n'y aura que des hommes sensés sur la terre."