Madame BEHN
BEHN (Aphara ou Astrea), dame anglaise, naquit à Cantorbéry sous Charles Ier. Son père Johnson, nommé lieutenant - général dans les Indes, mena avec lui sa famille, et mourut dans le trajet. Sa fille, de retour à Londres, après un séjour de quelque temps en Amérique, épousa M. Behn, riche marchand, originaire de Hollande. Charles II, qui connaissait l’esprit et le mérite de madame Behn, lui confia une négociation au sujet de la guerre qu’il voulait faire aux Hollandais. Elle s’en acquitta à la satisfaction du roi. La jalousie qu’excitait son crédit auprès de ce monarque, l’obligea de préférer les douceurs de la vie privée, aux tumultes et aux écueils de la cour. Elle mourut en 1689, et fut enterrée dans le cloître de Westminster, parmi les tombeaux des rois. Le temps qu’elle n’employa pas aux plaisirs de la société, fut consacré à la composition de plusieurs ouvrages écrits quelquefois avec plus de liberté qu’il ne convient à son sexe. On a d’elle 4 vol. In8° de pièces de théâtre, des Nouvelles historiques, des poésies diverses, une traduction de la Pluralité des mondes. Son ouvrage le plus connu est son Oronoko, qu’elle lut à Charles II et qui a été traduit en français, par M. de la Place, in-12, 1756. Ce roman historique a fourni le sujet d’une tragédie à un poète anglais ; Oronoko, le héros de cette production, était fils d’un roi africain, vendu aux anglais de Surinam . Ce prince africain, devenu captif, et ne pouvant supporter cette humiliation, fit révolter ses compagnons d’esclavage, et fut mis à mort. Madame Behn, témoin de ses infortunes, les écrivit, dès qu’elle fut de retour en Angleterre.