Louise TORELLI
TORELLI (Louise), comtesse de Guastalla et fondatrice de plusieurs ordres religieux, naquit en 1500 et était fille unique du comte Achille Torelli. Louise se maria en 1516 à Louis Stanghi, et, en 1522, elle recueillit les allodiaux de la succession de son père ; par la protection du duc de Milan, elle hérita aussi du comté de Guastalla. Etant devenue veuve, et la guerre l'ayant obligée à se réfugier à Vérone, Louise se remaria à Antoine Martinenghi, d'une puissante famille de Brescia, qui la traita cruellement et la menaça même de la mort. Sa première femme avait péri de ses mains. Un frère de Louise, pour la délivrer de ce monstre, l'appela en duel et le tua. Peu de temps après des discussions s'élevèrent entre Louise et les Torelli, comtes de Montechiarugulo, sur le comté de Guastalla ; l'affaire fut portée devant le pape Clément VII et l'empereur Charles V. Ferrand de Gonzague, alors vice-roi de Sicile, s'offrit comme médiateur, proposant aux parties de vendre leurs droits à un tiers qui rendrait directement hommage à l'empereur, . Ferrand s'y prit avec une telle adresse, que, protégé par Charles-Quint, il obtint, en 1583, au moyen d'une modique somme, l'adjudication du comté de Guastalla en sa faveur. Louise y accéda d'autant plus facilement, qu'ayant commencé des fondations religieuses, elle avait besoin d'argent pour les soutenir. Ce fut un dominicain, Baptiste de Crema, saint personnage, qui lui en donna la première idée. La comtesse Torelli fonda, en 1532, une congrégation de femmes, à Milan, qu'elle nomma les angéliques. Le pape Paul, par son bref de 1534, l'avait autorisée à mettre sa congrégation sous la règle de Saint Augustin mais, par un autre bref de 1536, ce pontife soumit les angéliques à la direction des clercs réguliers de Saint Paul (dits barnabites). Louise augmenta son établissement de vingt-quatre maisons et, le 17 octobre de la même année, les dames de la congrégation y furent réunies. L'église, qui est une des plus belles de Milan, ne fut achevée que quelques années après. Cette congrégation devait être dirigée d'après les statuts de Charles Borromée, archevêque de Milan. En 1536, la comtesse Torelli mit son monastère sous l'invocation de saint Paul le converti, et prit le voile avec le nom de Paule-Marie. Après avoir contribué à la fondation d'autres monastères elle se rendit à Ferrare et y établit le couvent des converties deTerra-Nova, passa à Crémone et, avec Valérie d'Aleriis, y fonda les religieuses de Sainte-Marthe. Elle se réunit ensuite à Antoinette de Negri et alla à Venise où elle prêcha des missions. L'impression que ses pieux discours faisaient sur les esprits fut tellequ'un grand nombre de personnes des deux sexes quittaient leurs familles et se retiraient dans des couvents. Le gouvernement vénitien enjoignit alors à Louise de quitter la ville ; elle se rendit à Vicence, et aida de ses largesses le monastère des nouvelles converties. A son retour à Milan, elle trouva que les angéliques avaient, sans sa permission, demandé la clôture que le pape Paul III leur accorda. Elle quitta leur couvent, et fonda un autre monastère près de la porte Tosa, appelé le collège de la Guastalla ; mais les dames de cette nouvelle congrégation prièrent saint Charles Borromée de leur obtenir, auprès du saint Siège, la permission de se cloîtrer. En fondant ces monastères l'intention de la comtesse Torelli était d'en rendre les religieuses utiles à la société, devant se consacrer principalement aux soins des malades et à l'éducation de jeunes orphelines en faveur desquelles elle avait fondé dix-huit places dans le second de ces monastères. Cette femme recommandable mourut en odeur de sainteté, le 28 octobre 1569, âgée de 69 ans. Elle fut enterrée dans l'église de Saint-Fidèle des PP. jésuites. Après sa mort, les religieuses de son collège se firent cloîtrer. On l'appela ensuite le collège des Vierges espagnoles, par la grande quantité des dames de cette nation qui vinrent à Milan faire leurs vœux dans ce monastère. Lors des violentes suppressions de Joseph II, empereur d'Allemagne, les angéliques furent réunies par son ordre aux sœurs du monastère des guastallines.