Gabrielle-Emilie, marquise du CHÄTELET
du CHÂTELET (Gabrielle-Émilie LE TONNELIER DE BRETEUIL, marquise), femme auteur française, née le 17 décembre 1706 à Paris, morte le 10 août 1749. Son père, le baron de Breteuil, introducteur des ambassadeurs, lui fit apprendre le latin, l'anglais et l'italien. A quinze ans, elle entreprenait une traduction de Virgile. Jeune encore, elle fut mariée au marquis du Châtelet, qui était lieutenant général et appartenait à une ancienne famille de Lorraine. La facilité des mœurs de la Régence, la curiosité de son esprit et la fougue de son caractère l'entraînèrent à des relations et à des aventures restées fameuses. D'abord aimée de l'homme à la mode, le maréchal de Richelieu, elle s'éprit pour Voltaire d'une passion durable. Ils vécurent ensemble à Cirey, à Paris et à Lunéville, dans une intimité dont M. du Châtelet parut ne pas se préoccuper, et que la société d'alors acceptait. Quelques nuages troublèrent leur affection ; ils vinrent surtout des violences de la marquise, qui se plaignait de ne pas trouver un amour égal au sien. C'est auprès d'elle que Voltaire écrivit le Siècle de Louis XIV, Mérope, Alzire, Mahomet. Mme du Châtelet, de son côté, se livrait aux sciences, dont l'étude attirait plus spécialement son esprit sérieux, mais sans dédaigner les amusements frivoles ; à l'en croire, elle riait "plus que personne aux marionnettes".
A trente-six ans, elle s'éprit de passion pour Saint-Lambert. Voltaire, songeant à ses cinquante-quatre ans, pardonna cette infidélité et fut jusqu'à la fin l'ami dévoué de la marquise, qui mourut peu de temps après, à la suite d'une couche.
Les œuvres de madame du Châtelet, admirées de leur temps, sont aujourd'hui oubliées. En voici les titres : Institutions de physique, avec Analyse de la philosophie de Leibniz (Paris, 1740, in-8) ; Réponse à la lettre de M. Mairan sur la question des forces vives, (Bruxelles, 1741, in-8) ; Dissertation sur la nature et la propagation du feu (Paris, 1744, in-8) ; Principes mathématiques de la philosophie naturelle, traduits de Newton (Ibid. 1756, 2 vol. in-4) ; Doutes sur les religions révélées, adressés à Voltaire (Ibid. 1792, in-8) ; On a publié les Lettres inédites de la marquise du Châtelet au comte d'Argental (Ibid. 1806, in-8 et in-12 et ses Lettres inédites avec différentes personnes (Ibid. 1818 , in-8).