Eléonore GALIGAÏ
GALIGAÏ (Eléonore), fille d'un menuisier et d'un blanchisseuse, épousa le célèbre et malheureux Concini, depuis maréchal d'Ancre. Elle était venue en France avec Marie de Médicis, dont elle était sœur de lait, et qui l'aima toujours tendrement. Cette femme, modèle de laideur, et sans aucun mérite que celui de l'intrigue, obtint pour son mari les postes les plus brillants. L'abus insolent qu'ils firent de leur faveur souleva tous les grands de la cour, et Louis XIII en particulier. Concini fut tué, et sa femme conduite à la Bastille. On lui imputa mille crimes, et surtout celui de la magie ; mais tout son sortilège, comme elle répondit elle-même à ses juges, qui lui demandait comment elle avait ensorcelé la reine, était le pouvoir qu'ont les âmes fortes sur les âmes faibles. Cette réponse ne la sauva point : elle perdit la tête en place de Grève, l'an 1617, comme sorcière. On ajouta à l'accusation de la magie, celle de judaïsme. La relation de sa mort se trouve avec celle de son mari, dans l'Histoire des Favoris, par Du Puy. On fit aussi sur sa mort une tragédie intitulée La magicienne étrangère, en 4 actes et en vers, Rouen, 1617, in-8° : satire atroce et grossière. La Galigaï avait eu un fils et une fille. Celle-ci mourut peu de temps après le meurtre de son père. Le fils fut enveloppé dans la sentence rendue contre sa mère et dégradé de noblesse. Il se retira à Florence, où il jouit de 14 000 écus de rente, que son père, heureusement pour lui, avait placés ans cette ville. Le frère de la Galigaï, parvenu à l'Archevêché de Tours et à l'abbaye de Marmoutiers, se démit de ces deux bénéfices, sur lesquels on lui donna une bonne pension, et alla finir ses jours en Italie, loin des orages des cours.