Les Belles Dames du temps jadis

Delphine de GIRARDIN

GIRARDIN (Delphine GAY, Mme  Emile de), célèbre femme de lettres française, née à Aix-la-Chapelle le 26 janvier 1804, morte à Paris le 29 juin 1855. Elevée sous la direction de sa mère, Mme Sophie Gay, au milieu de la plus brillante société mondaine et littéraire de la fin de l'Empire et de la Restauration, elle s'y fit remarquer par sa grâce, sa beauté, son goût et son talent pour la poésie. En 1822, elle fut couronnée par l'Académie française pour une pièce de vers sur le Dévouement des médecins français et des sœurs de Sainte -Camille dans la peste de Barcelone. Elle traita dès lors tour à tour les sujets intimes et les sujets patriotiques, et la manière dont elle aborda ces derniers lui valurent le nom de "Muse de la Patrie". On remarque parmi ses pièces de vers de cette époque, Madeleine, Ourika, Le bonheur d'être belle, tableau plus ou moins conscient de la propre existence de l'auteur, puis l'Hymne à Sainte - Geneviève, la Vision de Jeanne d'Arc, la Quête en faveur des Grecs , le Sacre de Charles X qui lui valut une pension de 1500 francs sur la cassette du roi, enfin la Mort de Napoléon et la Mort du général Foy qui la signalèrent aux sympathies du parti libéral. Deux recueils, les Essais poétiques  (1824, in-8 ; 4e édit., 1829, in-12) et les Nouveaux essais poétiques (1825, in-8), résument cette première période d'activité et d'expansion. En 1827 un voyage d'Italie qu'elle fit avec sa mère fut pour elle une véritable ovation. Elle fut reçue par acclamations membre de l'Académie du Tibre et couronnée au Capitole. La nouvelle Corinne justifia ces hommages par d'autres chants : le Retour, la Pèlerine, le Dernier jour de Pompéi, et des élégies (le Désenchantement, le Repentir), dont la tristesse contraste avec les adulations dont elle était l'objet. Le dernier poème inspiré par ce voyage est Napoline où l'esprit s'unit à la sensibilité.

   En 1831, Mlle Delphine Gay avait épousé l'aventureux publiciste Emile de Girardin et elle s'associait, dans la mesure qui lui convenait, aux entreprises littéraires et politiques de son mari. Elle publia encore quelques poésies détachées dont l'effet était assuré, à part le talent, par les circonstances et la situation de l'auteur. Nous rappellerons la Jeune fille enterrée aux Invalides, à l'occasion de l'attentat de Fieschi, l'Epître à la chambre des députés, à la suite de l'exclusion de son mari, et la diatribe lancée contre le général Cavaignac au milieu des journées de 1848. Son oeuvre originale de cette époque et qui contribua à la fortune du journal La Presse, fut la publication dans le feuilleton de ce journal des Lettres parisiennes, qu'elle signait du pseudonyme de Vicomte de Launay : causeries étincelantes d'esprit et de verve qui furent le type nouveau et restèrent le modèle de la chronique périodique. Réunies en volumes, elles ont été souvent réimprimées (1843, in-18 ; 1856, 4 vol. in-18). Mme de Girardin s'essayait en même temps, avec un succès inégal, dans deux genres littéraires, le roman et le théâtre. On cite, dans le premier, le Lorgnon (1831, in-8) ; la Canne de M. de Balzac (1836, in-8) ; Il ne faut pas jouer avec la douleur (1853, in-18) ; les Contes d'une vieille fille à ses neveux (1832, 2 vol. in-8 ; 1839, in-12) ; M. le Marquis de Pontanges ; Marguerite ou deux amours, enfin avec Méry, J. Sandeau et Th. Gautier, la Croix de Berny (1846, 2 vol. in-18).

   Au théâtre, après l'Ecole des Journalistes comédie en cinq actes et en vers, reçue à l'unanimité au Théâtre-Français mais dont la représentation ne fut pas autorisée par la censure, elle a donné les tragédies de Judith, en trois actes (1843) et de Cléopâtre, en cinq actes (1847), écrites pour Mlle Rachel ; puis des comédies qui eurent plus de succès : C'est la faute du mari, proverbe en un acte en vers,  (1851) ; Lady Tartuffe, en cinq actes et en prose (1853) ; La joie fait peur, en un acte et en prose, dont le sujet est le retour d'un fils que l'on a cru mort et où les émotions les plus vives sont excitées par des moyens d'une simplicité extraordinaire (1854) ; le Chapeau d'un horloger, vaudeville en un acte qui obtint un grand succès grâce à sa spirituelle gaieté (même année) ; Une femme qui déteste son mari, comédie posthume, en un acte (1856). Mme Emile de Girardin avait acquis comme femme d'esprit et femme du monde une grande réputation. Son salon était un des derniers centres de ces réunions littéraires où l'esprit s'associe à l'élégance : il comptait parmi ses familiers : Méry, Th. Gautier, Soulié, Balzac, Victor Hugo, Musset, etc. Outre ses Poésies complètes (1842, in-18; nouvelle édition, 1856), on a publié ses Œuvres complètes (1860-1861, 6 vol. in-8). [Dictionnaire des Contemporains, première et deuxième édition.]



02/05/2012
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