Dame RICCOBONI
RICCOBONI (Marie-Jeanne LABORAS de MÉZIÈRES, dame), actrice et auteur, née à Paris en 1714, morte en 1792. Délaissée par son mari, elle chercha des consolations dans les lettres et y trouva des succès. Actrice par nécessité, elle fut médiocre au théâtre, mais elle écrivit des romans auxquels applaudit toute la société littéraire du XVIIIe siècle. Lorsque parurent ses premières oeuvres, l'Histoire du marquis de Cressy (1758) et les Lettres de Julie Catesby (1759), Palissot, dans sa Dunciade, refusa d'en faire honneur à une femme, et voulut voir là quelque supercherie. Mme Riccoboni donna successivement les Lettres de miss Fanny Butler, où l'on crut reconnaître l'histoire de ses propres chagrins ; Ernestine, où l'on puisa le sujet d'un drame lyrique du même nom, joué aux Italiens en 1777 ; Amélie, traduction libre et abrégée du roman de Fielding ; la suite de la Marianne de Marivaux ; Histoire de miss Jenny Level (1764) ; Lettres d'Adélaïde de Dammartin à M. le comte de Rancé (1766) ; Lettres d'Elisabeth-Sophie de Vallière à Louise-Hortense de Canteleu (1772) ; Lettres de milord Rivers à sir Charles Cardignan, le derrnier ouvrage et l'un des meilleurs de Mme Riccoboni.
La Harpe, qui regardait Ernestine comme son "diamant", vante ses idées fines, la délicatesse et la vérité de ses peintures, l'élégance et la précision de son style. On doit reconnaître qu'elle n'a manqué ni de grâce, ni de goût, dans un genre que la mode condamne à des transformations continuelles. Avec la réputation, elle n'avait pas trouvé la fortune. Une petite pension que lui faisait la cour ayant été supprimée par la Révolution, l'aimable écrivain qui avait fait verser tant de douces larmes, l'amie de Grimm et de Diderot, dont le nom avait eu sa popularité, mourut à l'âge de soixante-dix-huit ans dans un état voisin de l'indigence. la plus belle édition de ses Œuvres complètes est celle de 1818 (Paris, 6 vol. in-8). On estime aussi celles de 1786 (8 vol. in-8) et de 1826 (9 vol. in-18).