Corinne et Fulvie
CORINNE, femme poète grecque, née à Tanagre en Béotie, vivait au commencement du Ve siècle avant J.-C. Contemporaine de Pindare et comme lui élève de Myrtis, elle lutta contre le célèbre lyrique aux jeux publics de Thèbes. Suivant Alien, elle fut cinq fois victorieuse ; mais Pausanias ne parle que d'une victoire et l'attribue moins à son talent poétique qu'à sa beauté et à l'emploi qu'elle fit du dialecte éolien mêlé de formes béotiennes. Quoi qu'il en soit, elle eut une grande réputation, reçut le titre de "muse lyrique" et des statues lui furent élevées dans plusieurs villes de la Grèce. Ses poèmes lyriques, en y joignant des épigrammes et des poésies érotiques, comprenaient cinq livres. Nous n'en possédons que des fragments de peu d'importance, réunis dans les Poetriarum octo fragmenta et elogia de J.-Chr. Wolf (Hambourg, 1734, in-4) et dans les Poetoe lyrici de bergk (Leipzig, 1843). – Les anciens citent une Corinne de Thèbes, surnommée "la Mouche", et une Corinne de Thespies, lesquelles, très probablement, ne se distinguent pas de la précédente.
FULVIE, dame romaine de la famille Fulvia qui donna tant de grands capitaines à la république, mariée d'abord au séditieux Clodius, ensuite à Curion, enfin à Marc-Antoine, eut part à toutes les exécutions barbares du triumvirat. Elle était aussi vindicative que son mari. Lorsqu'on lui apporta la tête de Cicéron, elle perça sa langue avec un poinçon d'or, et joignit à cet outrage toutes les indignités qu'une femme en fureur peut imaginer. Antoine l'avait quittée pour Cléopâtre, dont il était éperdument amoureux. Elle voulut qu'Auguste vengeât cet affront mais n'ayant pu l'obtenir, elle prit les armes contre lui et les fit prendre à Lucius-Antoine, frère de son mari. Auguste ayant été vainqueur, elle se retira en Orient, fut très mal reçue par Antoine, et en mourut de douleur à Sicyone l'an 40 avant J.-C.