Christine et Béatrix
CHRISTINE (de Pisan),célèbre femme auteur française, historien et poète, née à Venise, vers 1363, morte vers 1431. Elle fut amenée en France, vers l’âge de 5 ans, par son père,Thomas de Pisan, appelé auprès de Charles V en qualité d’astrologue. Elle fut élevée à la cour de France et elle avait 15 ans lorsqu’elle épousa un gentilhomme picard, Etienne du Castel, dont elle eut trois enfants. Devenue veuve à 25 ans, elle chercha dans l’étude et la composition littéraire un emploi de sa vie et des ressources. Malgré sa réputation et ses succès et les offres brillantes qu’ils lui valurent, elle mena toujours une existence très précaire. Elle refusa de suivre Henri de Lancastre en Angleterre, Galeas Visconti à Milan. Elle fut, de la part de Charles VI et de plusieurs princes, l’objet de quelques largesses que rendaient insuffisantes des charges de famille et les malheurs du temps.
Les ouvrages de Christine de Pisan sont extrêmement nombreux, mais la plupart dont restés manuscrits. L’auteur déclare elle-même, dans la Vision, avoir composé, de 1399 à 1405, « quinze ouvrages principaux, sans compter les autres particuliers, petits dictiez, lesquels, tout ensemble, contiennent soixante-dix cahiers de grant volume ». Ils sont tour à tour en prose et en vers, et font également époque dans l’une et dans l’autre forme de la langue. Christine de Pisan se place entre Froissart et Commmines par ses écrits historiques et moraux. Les principaux sont : Les Livres des faits et bonnes mœurs de Charles V ; la Vision de Christine ; le Trésor de la cité des dames ou Livre des trois vertus pour l’enseignement des princesses (Paris, 1497 et 1503), ouvrage très curieux par les détails sur les mœurs du temps ; le Livre des faits d’armes et de chevalerie, dont une traduction en anglais, imprimée par Caxton (1489, in-fol.), est devenue une curiosité bibliographique du plus haut prix; Epîtres sur le Roman de la Rose, contenant une critique sévère de l’œuvre de Jean de Meung.
Les poésies de Christine de Pisan se composent de quelques grands ouvrages oubliés et de nombreuses petites pièces de vers. Ces dernières sont des dits, des lais, des rondeaux, des ballades.
Une partie de ses poésies a été imprimée à Paris, en 1549, in 12. Les autres se trouvent dans la bibliothèque du roi et dans d’autres bibliothèques.
Gabriel Naudé, bibliographe français, né à Paris en 1600, mort à Abbeville en juillet 1653, qui a beaucoup contribué à rendre Christine de Pisan son rang littéraire, se proposait de donner une édition de ses œuvres.
Béatrix, femme de Frédéric I, et fille de Renaud, comte de Bourgogne, fut mariée à cet empereur en 1156. Elle eut la curiosité d’aller à Milan, pour voir cette ville. A peine y fut-elle arrivée, que la douleur que ce peuple avait de ce voir privé de son ancienne liberté, éclata contre sa personne de manière indigne. On savait d’ailleurs que Frédéric l’avait épousée contre les règles, en répudiant son épouse légitime. Les mutins ayant pris cette princesse, la mirent sur une ânesse, le visage tourné du côté de la queue, qu’ils lui donnèrent en main au lieu de bride, et la promenèrent en cet état par toute la ville. Une action si insolente ne demeura pas longtemps impunie. L’empereur les ayant assiégés, en 1162, prit et rasa leur ville jusqu’aux fondements, à la réserve des églises. Il la fit ensuite labourer comme un champ de terre, et, par indignation, il y fit semer du sel au lieu du blé. Il y a même des auteurs qui ont écrit que ceux qui furent pris ne purent sauver leur vie qu’à une condition honteuse : c’était de tirer avec les dents une figue placée sous la queue de l’ânesse, sur laquelle l’impératrice avait été menée. Il y en eut, dit-on, qui aimèrent mieux souffrir la mort qu’une telle ignominie. On croit que c’est de là qu’est venue cette sorte d’injure, qui est en usage encore aujourd’hui parmi les Italiens, lorsqu’en se mettant un doigt entre deux autres, ils disent par moquerie : Voilà la figue.