Artémise et Artémise
ARTÉMISE, fille de Ligdamie et reine d'Halicarnasse, succéda à son mari, dont le nom est inconnu, comme tutrice de son fils Pisindélas, se trouva à l'expédition de Xerxès contre les Grecs et se signala surtout à la bataille de Salamine, l'an 480 avant J.-C. Un vaisseau athénien la poursuivant elle fit ôter le pavillon de Perse, attaqua un vaisseau de la flotte de Xerxès, commandé par Damasithymus, roi de Calynde, avec lequel elle avait eu une querelle et le coula à fond. Les Athéniens cessèrent de la poursuivre dans la pensée qu'elle était de leur parti. Xerxès dit à cette occasion : " Dans le combat les hommes avaient été des femmes, et les femmes des hommes." Les Athéniens, informés de la ruse d'Artémise, promirent une somme à ceux qui la leur amèneraient vivante mais elle eut le bonheur d'échapper à leurs recherches. Sa statue fut placée à Sparte parmi celle des généraux perses. Artémise s'empara de la ville de Patmos, où elle était entrée sous prétexte d'y célébrer la fête de la mère des dieux. On dit qu'ayant un amour violent pour un jeune homme d'Abydos, qui n'y répondit pas, elle lui creva les yeux et se précipita ensuite du haut du rocher de Leucate mais cette époque de l'histoire de la Grèce n'est pas encore assez éloignée des temps fabuleux pour que l'on puisse compter sur les événements qu'elle présente.
ARTÉMISE, fille d'Hécatomus, reine de Carie, soeur et femme de Mausole, s'est immortalisée par sa tendresse conjugale. Son époux étant mort, en 355 avant J.-C., elle lui fit élever un monument superbe, compté parmi les sept merveilles du monde. Il avait, dit-on, 63 pieds du midi au septentrion, et son tour était de 411 pieds ; il avait 36 pieds et demi de hauteur, et 36 colonnes dans son enceinte. Pline a pris plaisir à en faire la description, aussi bien qu'Aulu-Gelle. Les tombeaux qu'on a distingué dans la suite par des ornements d'architecture ou de sculptures ont pris le nom de Mausoleet ont été appelés mausolées. Artémise fit proposer dans toute la Grèce des prix considérables pour ceux qui réussiraient le mieux à faire l'oraison funèbre de son mari. Elle en recueillit les cendres qu'elle mêlait avec sa boisson, voulant lui servir en quelque sorte de tombeau. Artémise ne survécut pas longtemps à son mari. Elle mourut, auprès du monument qu'elle avait fait élever, l'an 351 avant J.-C. Au lieu des pleurs où la plupart des écrivains plongent Artémise durant sa viduité, il y en a qui lui font faire des conquêtes considérables. Il paraît, par une harangue de Démosthène, qu'on ne la regardait point à Athènes comme une veuve désolée qui négligeait les affaires de son royaume. Le courage avec lequel elle se soutint contre les efforts des Rodhiens et la ruse qu'elle employa, au rapport de Vitruve, pour se saisir de leur flotte et de leur ville, prouvent qu'elle savait joindre la douleur amère d'une veuve avec les devoirs d'une reine et que les affaires lui tinrent lieu de consolation.