Arria et Lucrétia-Héléna
ARRIE, ou plutôt ARRIA, dame romaine, célèbre dans l'antiquité par son courage. Cécinna Pétus, son époux, lié avec Scribonien qui avait fait soulever l'Illyrie contre l'empereur Claude, fut condamné à mort pour cet attentat, l'an 42 de J.-C. Voyant qu'elle ne pouvait sauver la vie de son mari elle s'enfonça un poignard dans le sein puis le retirant : "Tiens, dit-elle, Pétus, cela ne fait aucun mal " et ce romain se donna la mort à l'exemple de sa femme. Il y a une belle épigramme de Martial sur cette héroïne forcenée.
CORNARA-PISCOPIA (Lucretia- Héléna), de l'illustre famille des Cornaro de Venise naquit dans cette ville en 1646. Sa rare érudition, jointe à la connaissance des langues latines, grecque, hébraïque, espagnole et française, lui aurait procuré une place parmi les docteurs en théologie de l'université de Padoue si le cardinal Barbarigo, évêque de cette ville, n'eût cru devoir si opposer. On se contenta de lui donner le bonnet de docteur en philosophie. Elle le prit avec les autres ornements du doctorat dans l'église cathédrale, les salles du collège n'ayant pu suffire à l'affluence du monde. Plusieurs académies d'Italie se l'associèrent. Cette fille savante avait fait vœu de virginité dès l'âge de 12 ans mais dans la suite elle y ajouta les vœux simples de religion, en qualité d'oblate de l'ordre de Saint-Benoît. La république des lettres la perdit en 1684. On recueillit 4 ans après tous ses ouvrages en un vol. in-8°., enrichi de sa Vie. On y trouve un panégyrique italien de la république de Venise ; une traduction de l'espagnol en l'italien des Entretiens de Jésus-Christ avec l'âme dévote, par le chartreux Lanspergius ; des Lettres, etc. Ces ouvrages ne répondent pas assez aux éloges dont plusieurs savants la comblèrent. Le Recueil de Poésies des femmes célèbres par Mme Bergalli renferme quelques-uns de ses vers.