Anne-Thérèse, marquise de LAMBERT
LAMBERT (Anne –Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de), naquit à Paris, vers 1647, d'un maître des comptes. Elle perdit son père à l'âge de trois ans. Sa mère épousa en secondes noces le facile et ingénieux Bachaumont, qui se fit un devoir et un amusement de cultiver les heureuses dispositions qu'il découvrit dans sa belle-fille. Cette aimable enfant s'accoutuma dès lors à faire des petits extraits de ses lectures. Elle forma peu à peu un trésor littéraire propre à assaisonner ses désirs et à la consoler dans ses peines. Après la mort de son mari, Henri Lambert, marquis de Saint - Bris, qu'elle avait épousé en 1666, et qu'elle perdit en 1686, elle essuya de longs et cruels procès, où il s'agissait de toute sa fortune. Elle les conduisit et les termina avec toute la capacité d'une personne qui n'aurait point eu d'autre talent. Libre enfin, et maîtresse d'un bien considérable, qu'elle avait presque conquis, elle établit dans Paris une maison où il était honorable d'être reçu : c'était la seule, à un petit nombre d'exceptions près, qui se fût préservée de la maladie épidémique du jeu, et où l'on se rendît pour parler raisonnablement. Aussi les gens frivoles lançaient, quand ils pouvaient quelques traits malins contre Mme de Lambert, qui, très délicate sur les discours et sur les opinions du public, craignait quelquefois de donner trop à son goût. Cette dame illustre mourut le 12 juillet 1733, à 86 ans. Son principal ouvrage est Les Avis d'une mère à son fils et d'une mère à sa fille, 1727, in - 12, 3e édition. Ce ne sont point des leçons sèches qui sentent l'autorité d'une mère ; ce sont des préceptes donnés par une amie, et qui partent du cœur. C'est le texte d'un philosophe aimable qui sème de fleurs la route par laquelle il veut faire marcher ses disciples, qui s'attache moins aux frivoles définitions des vertus qu'à les inspirer en les faisant connaître par leurs agréments. Les Avis d'une mère à sa fille ont été traduits en allemand. Cette traduction, avec une version française littérale interlinéaire, a été publiée par M. Boulard, Paris, 1800, in - 8°. Autres œuvres : Nouvelles réflexions sur les femmes (ou Métaphysique d'amour); elles sont pleines d'imagination, de finesse et d'agrément ; Traité de l'Amitié où l'ingénieux auteur peint les avantages, les charmes, les devoirs de l'amitié, avec autant de vérité que de délicatesse ; Traité de la Vieillesse, non moins estimé que celui de l'amitié ; La Femme Ermite , petit roman extrêmement touchant ; des Morceaux détachés de morale ou de littérature . C'est partout le même esprit, le même goût, le même nuance ; il y a quelquefois, mais rarement du précieux. Les Œuvres de Mme de Lambert ont été recueillies en 1748, 2 vol. in -12 avec un abrégé de sa Vie, et 1813, 2 vol. in - 18.